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Valéry Grégo, entrepreneur en hôtellerie

Press Release par Litza Georgopoulos                                                                                         Publié 08/03/21 à 16h30 Lecture 5 min.

Ce quadragénaire imagine des hôtels de luxe. La crise sanitaire a agi comme un accélérateur de pensée, renforçant ses intuitions sur les changements nécessaires à l’hôtellerie « d’après ».

Des fraises au petit déjeuner en hiver ? Très peu pour lui. Valéry Grégo a tourné le dos aux marqueurs du luxe d’hier pour s’engager à façonner une hôtellerie respectueuse, ouverte au monde. Ce quadragénaire est arrivé dans le métier par hasard. Il étudie à Sciences Po, HEC, puis acquiert des maîtrises d’histoire et de philosophie. Un profil littéraire et un goût certain de l’aventure poussent le jeune homme vers Londres la multiculturelle, avec sa City, ses banques.

« J’ai travaillé un an chez Bankers Trust. Mais j’avais besoin de liberté, explique Valéry Grégo. Je suis devenu entrepreneur dans la finance et, de 2000 à 2008, avec mes associés, nous avons investi dans pas mal d’industries, dont l’hôtellerie. J’étais à la recherche d’une plateforme pour m’exprimer. Les endroits, les gens, l’histoire, les odeurs, les livres, la lumière, la nourriture… cela m’a plu de pouvoir toucher à toutes ces dimensions de la création. »

Au sein de sa société Perseus, fondée en 2010, et sous la bannière des Hôtels d’en haut (HEH), il a ramené à une vie plus trépidante une poignée d’établissements déchus ou décatis. Ainsi, l’Hôtel des 3 Vallées à Courchevel, le Fitz Roy à Val Thorens, l’Alpaga à Megève, renaissaient avec une identité singulière, séduisant les nouveaux voyageurs en quête d’expériences plus enrichissantes. A Paris, Le Pigalle est modélisé en hôtel de quartier chaleureux comme un appartement privé.

Serein malgré la pandémie

Puis le concept d’hôtel à vivre se précise en 2017 à Saint-Raphaël, avec la remise à flot de l’Hôtel Les Roches Rouges. « C’était notre premier projet qui engageait vraiment la communauté locale, insiste Valéry Grégo. Au restaurant, on bossait avec le pêcheur du coin. Il pouvait rester au bar, côtoyer un client heureux de rencontrer un vrai pêcheur. Le lendemain, ils iraient peut-être faire du bateau ensemble… » L’hôtel de luxe, bastion moderniste les pieds dans l’eau rénové par les talents conjoints des architectes de Festen et du studio de création Be-poles, devient l’emblème de la glorieuse Riviera réinventée. Les photos de l’endroit font le tour des réseaux sociaux

Mais, à la fin de l’été 2019, toute la belle collection est vendue. Seul demeure Le Pigalle. A l’annonce du premier confinement en mars 2020, l’hôtel parisien ferme. Rouvre pour l’été. Referme. Il est depuis en travaux. « Nous avions acheté deux locaux à côté. Nous allons créer un coffee shop et reprenons un petit bar sympa. Ce seront des lieux de quartier », précise l’entrepreneur, dont le Covid-19 et ses dommages collatéraux semblent avoir peu écorné la sérénité quant à l’avenir. Car Valéry Grégo œuvre ailleurs. Déchargé des affaires dont il s’est séparé et financièrement mieux lesté, il a tout loisir d’élaborer son prochain gros coup.

« JE NE VAIS PAS PARTIR EN VOYAGE POUR ALLER SALOPER LA TOSCANE. JE NE VAIS PAS PARTIR EN VOYAGE SI TU NE ME DIS PAS QUE TON HÔTEL A ÉTÉ BIEN CONSTRUIT. » VALÉRY GRÉGO

Le temps suspendu de la pandémie s’est plutôt bien accordé au tempo pianissimo qu’il a choisi de suivre avec ses équipes, afin de peaufiner ce projet ambitieux qui exprimerait ses ressentis sur l’hôtellerie du futur. L’hôtellerie « d’après ».

« Je veux m’inscrire dans le temps long. J’ai envie d’en profiter pour répondre à un certain nombre d’interrogations qui ont été mises en évidence par la crise sanitaire et dont on avait l’intuition. A savoir que le tourisme va changer. Les voyageurs qui vont parcourir le monde demain en étant conscients des risques vont vouloir donner plus de sens à leurs déplacements. Je ne vais pas partir en voyage pour aller saloper la Toscane. Je ne vais pas partir en voyage si tu ne me dis pas que ton hôtel a été bien construit. Des projets qui ont un impact positif pour nous-mêmes en tant qu’individus et pour la communauté, pour l’environnement, c’est aussi ça que nous demande la pandémie. »

Réhabiliter plutôt que construire encore, s’ancrer sincèrement dans le territoire et interagir avec lui, privilégier les matériaux naturels, « sourcer local »… Les fondamentaux qui lui tenaient déjà à cœur, le concepteur compte les développer encore plus rigoureusement.

Un couvent cinq étoiles
Après cinq ans de gestation et trois de travaux, l’ancien couvent de la Visitation, à Nice, en deviendra la preuve tangible en 2023. Fondé en 1604 par les sœurs de l’ordre des clarisses, puis investi par les visitandines, l’édifice revivra en Hôtel du Couvent. Le Studio Méditerranée poursuit ses recherches in situ depuis 2016. Son fondateur, Louis-Antoine Grégo, frère cadet de Valéry, pratique l’architecture vernaculaire.

 

10/03/2021 | Categories: Non classifié(e) |